Vous souvenez-vous du film Le dîner de cons, de Francis Veber?
Tous les mercredis, Pierre Brochant et ses amis reçoivent des cons. Petits, gros, jeunes, grands… L’idée consiste à trouver la perle rare, le plus spectaculaire des spécimens.
Voilà une façon intelligente de rapprocher les gens dont les origines sociales sont on ne peut plus éloignées! Le pauvre prouve par là son utilité et justifie la place qu’on lui accorde dans la société, puisqu’on peut être amené à se demander s’il sait faire autre chose qu’être un tire-au-flanc au chômage, n’est-ce pas?
Les gens bien montrent qu’ils sont capables d’humour et de générosité en invitant des étrangers à leur table et sauront pour une fois mettre leur modestie de côté.
Mon conseil Nadine de Rothschild ♥: attention toutefois de ne pas sombrer dans la condescendance, ce qui, je le rappelle avec fermeté (normal, je cours!), n’a rien à voir avec les enfants des pauvres.
Préparer sa soirée: faites place nette et lancez des invitations dès que vous en aurez le clou.
Recevoir des invités chez soi est une marque d’amitié et d’estime pour chacun d’entre-eux. Cela fera un effet bœuf à votre pauvre.
Il faut par conséquent que vous accompagniez vos convives tout le long de la soirée et ne pas vous éclipser toutes les deux minutes pour vérifier le rôti ou préparer le couvert (sauf que vous n’aurez pas le choix si c’est vous qui vous tapez tout le boulot, remember « Les agapes de Noël » ).
Il faut par conséquent tout organiser à l’avance, depuis les plats à présenter jusqu’au moindre détail.
Ne négligez pas le cadre: votre pauvre pourrait être embarrassé par le faste dans lequel vous vivez car vous savez tenir votre rang.
Dès que le nombre d’invités dépasse la dizaine, mieux vaut faire appel à un traiteur et concocter avec lui le menu qui sera livré quelques heures avant la soirée. Voilà une chose qui échappe to-ta-le-ment aux pauvres, hahaha!
En attendant les retardataires – l’exactitude est la politesse des rois, mais « le quart d’heure » de retard est une mode dévastatrice – et pour ouvrir les festivités, un apéritif doit être servi.
Une demi flûte de champagne est appropriée mais à défaut, un punch pétillant suffira largement. Prévoyez de la bière, les pauvres en sont friands.
Des amuse-bouches légers seront mis à la disposition des invités mais en quantité limitée, sinon ils ne pourront plus faire honneur au dîner et tout cela finira par vous coûter un bras.
L’hôte portera un toast et prononcera un petit discours rappelant le motif de la soirée. A vous de la jouer fine et de vous fendre d’un laïus à double sens. L’apéritif ne doit pas s’étendre au-delà d’une demi-heure, sinon votre pauvre sera bourré et adieu soirée désopilante.
Comment choisir son pauvre?
Choisissez-le avenant et aimable, généreux et prompt à partager ce qui fait sa joie. Un enthousiaste « You made my day! » le fera bondir de bonheur, persuadé qu’il sera de vous avoir fait voyager dans l’Amérique chérie de votre enfance.
Tentez de trouver un quidam que ses congénères qualifient de bonne pâte.
Tout ceci devrait vous garantir que votre pauvre acceptera sans se poser de question votre charmante – quoiqu’intéressée! – invitation.
Veillez enfin à ce que cet être charmant à défaut d’être câblé possède une passion dévorante et spectaculaire.
Assurez vous également de son hygiène, vous pouvez être incommodés par le bruit et l’odeur.
Exemple: depuis juin 2013, Bryan Bednarek détient le record du monde d’applaudissements. Il a applaudit exactement 802 fois en une minute.
Voilà! J’espère que votre prochain festin sera divertissant. N’hésitez pas à me le raconter par le menu, évidemment. Les possibilités sont infinies.